Le meilleur des mondes...

 Un de mes professeur de pratique , dans mes études d'éducateur, me demande un jour quelle est la principale mission de l'éducateur vis à vis du jeune. Et moi de baragouiner alors quelque chose de l'ordre de l'accompagnement et de l'éducation. C'est, me dit-il alors « d'essayer d'en faire des êtres sociaux».
 
Vaste programme, face à ces jeunes dont le parcours chaotique, les inadaptations (sociales ou mentales), exacerbent à des degrés divers des caractéristiques présentes dans une moindre mesure chez d'autres jeunes plutôt dans l'agir (*) .

  • Être peu réfléchis et répondre rapidement aux stimuli et aux vagabondages de l'imagination du moment
  • Être « fort », rude, chargé d'énergie
  • Être spectaculaire, pour se démontrer quelque chose, et destiné aussi au regard de l'autre
  • Aimer explorer les zones frontières, et même franchement les dépasser : flirt avec le danger, défis face au défendu,...

 Ces caractéristiques entrent en résonance avec  celles d'une société en perte de repères :

  • Celle qui  gomme  « le statut » des personnes, qui uniformise sous pretexte d'égalité, jeunes, parents, enseignant, aieuls, tous dans le même sac . La difficulté est alors de trouver une « place », « sa place », en codant l'espace social, mais qui donne aujourd'hui le code ? En est-on réduit à des rapports de force et/ou de séduction entre enfants et adultes ?
  • Celle qui transmet de moins en moins en terme de « culture », « sens », « valeurs », mais bien plus en terme de « rentabilité », « adaptation », « avoir »..., remplacant le « citoyen » par un « consommateur »
  • Celle de l'apanage du « tout et tout de suite », scénario pulsionnel occultant l'intérêt des conduites socialement utiles.
  • Celle de « l'individualisme » à tout crin, qui efface d'un revers de main  tout sentiment de « l'obligation » et de sens de la « dette » envers l'autre.

Alors,  tentons d'être les « gardes-fous » d'une consistance qui va aider le jeune à « être » plutôt qu'à « paraître », à « être » plutôt qu'à « avoir »...

  • Differencier à nouveau les statuts et les fonctions  en inculquant un certain « formalisme » ( dire bonjour, merci, ne pas jeter la nourriture,...) et par des rituels qui permettent la vie en communauté en  y marquant la diversité des fonctions nécessaires , tout en gardant son droit à la différence.Redonner sens et valeur au service rendu, à l'aide simplement utile, au remerciement, à la solidarité,...
  • Aider à prendre des responsabilités, « ses »responsabilités face  à ce qu'il fait, ce qu'il met en place, aider à poser des choix
  • Permettre l'emergence de la créativité via différents supports.

Ces premiers repères, clairs, sont nécessaires mais pas suffisants face au désarroi de jeunes confrontés très tôt aux incohérences, inconsistances, maltraitances d'adultes. Il faut leur permettre des préalables, des étapes pour pouvoir accéder à ces repères. Il doivent donc pouvoir, à leur rythme, se remettre en confiance face à eux-même et face aux adultes qui les entourent, et donc pouvoir tester, par différents moyens, si le monde autour d'eux en vaut la peine, et par la même occasion, si eux en valent la peine.

Ils peuvent donc

 

Et nous pouvons donc



 
Bernard Brasseur
Sous-directeur Pédagogique
 
(*)Ados auteurs d'abus ou de pseudo-abus : Jean-Yves Hayez